Cham et son chien
C’est en 1866, que le peintre et sculpteur Jean-Pierre Dantan dit Dantan jeune a représenté ainsi son ami Cham porté par son chien. Il reprenait le thème bien connu du caricaturiste portant son petit Havanais d’une main et son parapluie de l’autre. C’est à Bade, station thermale fréquentée annuellement par la haute société parisienne que Dantan s’est amusé à croquer Cham et son inséparable cabot.
La reproduction de ce dessin a été publiée par Félix Ribeyre dans son ouvrage CHAM sa vie et son oeuvre en 1884. Nous ne connaissons pas à ce jour la localisation de l’original. Dantan jeune est resté justement célèbre pour sa production de caricatures en plâtre – parfois coulées en bronze – dont l’essentiel est conservé aujourd’hui au Musée Carnavalet à Paris. Parmis ces oeuvres amusantes figure d’ailleurs le plâtre-charge de Cham. L’habile sculpteur a placé le haut du corps du caricaturiste dans un porte-crayon étroit. Il existe dans une collection privée une très belle aquarelle signée Dantan, représentant Cham et son chien sur fond du pavillon de la Conversation à Bade.
« On ne rencontrait que lui dans l’allée de Lichtentall devant la Conversation, sur la promenade où il semait à pleines mains les récits verveux. Car le Cham de la Conversation était peut-être plus étonnant encore que la Cham connu du public. (…) A Bade avec Dantan jeune, ils signalaient chaque journée par quelque nouvelle et amusante drôlerie!
Un soir Cham et Dantan entrent dans les salles de jeu. C’était au beau milieu de la saison. Tout le high life était là, prodiguant les billets de banque que ramenait l’infatigable râteau du croupier. Cham s’approche de la table, en donnant des signes de vive émotion et dépose à la rouge… une pièce de cent sous. La bille commence à tourner dans le cylindre. Cham est attentif.
Soudain, au moment où l’on va proclamer le numéro sortant, Dantan s’élance sur la pièce de Cham en bousculant les personnes présentes et en s’écriant :
- Le pain de vos enfants!… Jamais!
Et il ramasse la pièce avec une solennité pathétique.«
Le précédent texte est extrait de l’article nécrologique publié par Pierre Véron dans Le monde illustré du 13 septembre 1879. Naturellement, une bonne part de tous les bons mots rapportés après la mort du caricaturiste, sont apocryphes, ce que confirme Véron dans son article. Nous consacrerons plus loin un article sur ce prolifique auteur et ami intime de Cham.
Félix Ribeyre dans sa biographie sus-citée écrit page 193: « Un matin, Cham avait offert au château de la Favorite un déjeuner à ses amis qu’il avait rencontrés à Bade. Tout à coup il s’aperçoit que son chien est parti. Il plante là ses invités et se met à la poursuite de son cher Bijou. Lorsqu’il revint, rapportant son précieux trésor, le repas touchait à sa fin; mais ses amis ne lui gardèrent pas rancune d’avoir si mal rempli ses devoirs d’amphitryon. Ils connaissaient et excusaient se faiblesse pour son griffon bien-aimé.«
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