Quand Cham réclamait du travail
Cette amusante lettre fut publiée dans l’hebdomadaire L’autographe n°40 du samedi 1er juin 1872. Sa date de rédaction n’est malheureusement pas mentionnée. Cham s’adresse ici à un directeur de journal, quémandant du travail d’une manière polie. Henri de Villemessant étant le directeur de L’autographe, il est bien possible qu’il en fut le destinataire.
« Mon cher monsieur
Je viens de nouveau vous demander si vous ne pourriez pas utiliser mon petit talent, vu que mes fonds ont roulé d’une manière terrible avec les gaillards ci-dessus. J’ai peut-être moi-même un peu aidé à l’évacuation en me donnant quelques bosses. Malheureusement à cette époque ci de l’année on dépense pas mal d’argent. Je vous serais donc bien obligé, s’il y avait moyen d’exécuter quelque choses. Votre tout dévoué et empressé serviteur Cham.«
Les dessins dont Cham a agrémenté sa lettre sont bien de sa main. Tout d’abord figurent le bottier, le tailleur et le chapelier venant présenter leurs factures au caricaturiste, puis, juste en dessous, la voiture « à la Daumont » symbolise le luxe effréné dont Amédée prétendait profiter honteusement alors qu’il vivait, nous le savons bien, fort simplement.
Le couple placé près de la dernière ligne est bien celui formé par Amédée de Noé et son épouse Jeanne Leroy. Nous apprécierons au passage les silhouettes bien opposées des deux époux! Cham ne manquait jamais une occasion de mettre en avant sa maigreur effrayante…
Cham « exécuta » peut-être quelque chose pour son enigmatique employeur. Si ce mot n’est pas entièrement humoristique il est l’intéressant témoignage d’une économie domestique en forme de serpent de mer. la bestiole avait plongé et il s’agissait de la faire ressortir!