Une étonnante découverte
L’Album extraordinaire, Honoré Daumier et ses « amis »… « Au fond d’un carton, un volume plus grand que les autres. relié. (…) il a pour seul titre doré au dos « ALBUM » en lettres grasses. La reliure en demi-chagrin rouge, avec faux-nerfs plats réhaussés de dorures, filets, palettes dorées en tête et en queue, fait inévitablement penser à une reliure des années 1840 et garde encore fière allure. La reliure frottée se tient encore bien. Les plats sont en papier moiré rouge.
L’ouvrage s’ouvre sur une belle lithographie signée Bouchot, puis une autre signée Ch. Vernier, puis encore une autre signée cette fois des initiales H.D. (Honoré Daumier)., puis Gavarni, puis Edouard de Beaumont, Lorentz, Grandville, Cham. Le tout étant dès le premier coup d’oeil fort charmant. […] Plusieurs dizaines de lithographies, en noir, mais aussi en couleurs. Intéressant. Il s’agit en fait d’un recueil de lithographies originales la plupart annotées à la plume et légendées à la main sur étiquettes volantes collées au bas des épreuves. On y retrouve de nombreux artistes qui ont à la fois collaboré au Charivari et à La Caricature. […]
Cet album contient en outre plusieurs « bon à tirer » signés des artistes (Gavarni, Lorentz, .). On y trouve également des épreuves dont il est précisé qu’elles doivent « passer la censure ». Les états avant la légende, avant le titre ou même avant toutes lettres tirées sur blanc, sont nombreux. Certaines lithographies, bien qu’elles aient été reliées au format déplié in-folio, ont été visiblement envoyées par la Poste pliées en 8. Après quelques recherches au verso des lithographies, j’ai pu retrouver le destinataire d’une lithographie, clairement identifié : Monsieur Boiste 40 rue Laffitte, puis un autre : Monsieur Goulet au Charivari. »
C’est ainsi que le « découvreur » de cet étonnant volume, raconte cette fameuse découverte sur le blog du bibliophile : http://bibliophilie.blogspot.com/.
Il nous a contacté et communiqué spontanément les images de ce volume concernant Cham. Elles sont passionnantes.
Voici la première : (cliquez sur les images pour les agrandir).
Elle porte les inscriptions suivantes :
Titre (de la main de Cham) : « Pekinades » et à côté, à l’encre (d’une autre main) : « L’ambassade chinoise ».
En haut à gauche : « N°2″. Dans la marge gauche : « Pour le Charivari si la censure le laisse passer ».
La légende du dessous, au crayon mine, est de la main de Cham : « (Présentation à l’Empereur suivant l’étiquette chinoise) : Très haut et très puissant Cha-Hu-Kan-Kan – je te présente l’envoyé français – Sa position vis à vis de ta majesté est bonne….. (l’envoyé) – Bonne, bonne, pas trop – j’ai des crampes atroces dans les articulations - »
Une autre version de la légende, cette fois-ci à l’encre, est d’une autre main : » Un homme bien posé à la cour » Bonjour envoyé, bonjour!… as-tu des demandes à nous adresser, des plaintes à nous faire? articules, articules les, articules-les…. – (l’envoyé, à part) Le diable t’emporte! j’ai des crampes dans les articulations…. »
La seconde lithographie se présente ainsi :
Elle a pour titre en haut à droite : « Maroquinades 2″
Et au bas, une légende, à l’encre, qui ne semble pas être de la main de Cham : « Et toi, Dumanet, qué que t’as tué?.. – Moi, j’ai tué le valet de chambre d’Abd-el-Kader, à preuve que j’ai pr j’y ai pris son plumeau, et le v’la… »
Ces planches, si elles furent acceptées par la censure – d’après notre catalogue – parurent en 1844. Une recherche complémentaire reste à faire pour essayer d’identifier l’auteur de ces annnotations qui semblent être de la même main pour tous les dessinateurs. Il s’agissait forcément un membre de l’équipe du Charivari. Comment ces lithographies furent-elles jugées par la censure?
Cet album fait songer à celui d’Edouard Bouvenne présenté lors de la récente exposition Daumier à la Bibliothèque Nationale de France. Il provient forcément des archives du journal Le Charivari ou d’un fonds de collaborateur. C’est un document de la plus insigne rareté. Son propriétaire actuel pense en jouir sa « vie durant » et en faire profiter ensuite un musée ou une bibliothèque.
Longue vie à ce collectionneur! Et qu’il accepte nos remerciements les plus empressés pour avoir bien voulu nous communiquer des reproductions de ces précieuses reliques. Nous ne manquerons pas de vous faire part dans ces colonnes de nos futures découvertes au sujet de ce fabuleux album. L’enquête ne fait que commencer!
Note complémentaire : dans notre inventaire manuscrit des lithographies de Cham (inédit), nous avons trouvé l’état de publication de ces deux planches. La première, « Maroquinades », fut publiée dans le Charivari du 14 septembre 1844 sous le n°2 dans le cadre et n°258 dans le dessin avec la légende identique à celle portée à l’encre sur l’exemplaire du recueil.
La seconde, « L’ambassade Chinoise » fut publiée dans le Charivari du 1er novembre 1844 sous le n°2 dans le cadre et n°305 dans le dessin avec la légende identique aussi à celle portée à l’encre sur l’exemplaire du recueil.
Il semble donc que les légendes manuscrites de Cham n’ont pas été retenues. Les autres furent-elles inspirées par lui?
La série des « Maroquinades » ne comprend que cinq planches parues entre le 14 septembre et le 7 octobre 1844 suivie des deux planches de « l’ambassade chinoise » des 30 octobre et 1er novembre 1844. Ces séries ne furent donc pas continuées peut-être pour raison de censure? Ces planches furent donc parmi les premières publiées par le jeune Amédée de Noé au Charivari. Elles n’en sont que plus précieuses.
Vous pouvez laisser une réponse.
Bonsoir,
et merci à vous d’avoir transcris d’une façon aussi vivante mon petit article publié sur le Blog du Bibliophile.
Je suis heureux d’avoir pu communiquer avec vous concernant cet album et notamment sur le personnage de Cham.
J’aurai sans aucun doute d’autres documents à vous soumettre d’ici peu.
Amitiés, Bertrand